Maladie silencieuse pendant des années, l’insuffisance rénale chronique est en effet difficile à détecter si elle n’est pas spécifiquement recherchée dans le cadre d’un dépistage régulier.
Deux journées de dépistage gratuite sont organisées les 7 et 8 mars prochain. Le 7 mars au Cosem Miromesnil, sans rendez-vous de 9h à 18h.
Le 8 mars au Cosem Auber, sans rendez-vous de 9h à 18h.
Une fois l’insuffisance rénale installée de façon chronique, le malade doit suivre des traitements à vie, parfois handicapants comme la dialyse ou avoir recours à une greffe de rein, seul espoir de retrouver une vie normale. Traitée à ses débuts, la maladie peut être stoppée. D’où l’intérêt crucial d’un dépistage régulier et d’une meilleure prise en charge des facteurs de risque.
Qu’est-ce que l’insuffisance rénale ?
Comment fonctionnent les reins
La fonction des reins est de filtrer le sang – 140 litres par jour ! – afin d’éliminer les déchets produits par le métabolisme et l’excès de liquide absorbé en les transportant jusqu’à la vessie. Il a aussi un rôle essentiel de recyclage des éléments nutritionnels transportés par le sang: sels minéraux, calcium, phosphore, potassium, et acides aminés… qu’il renvoie dans la circulation sanguine.
Quand ils dysfonctionnent, les déchets tels que le potassium, le phosphore et l’urée s’accumulent dans le sang, empoisonnant le corps petit à petit.
Il y a deux types d’insuffisance rénale :
L’insuffisance rénale aigue : elle apparaît brusquement, suite à une déshydratation ou une infection urinaire sévère, une obstruction des reins ou l’absorption de substances toxiques. Ses symptômes sont significatifs et permettent d’alerter rapidement le malade : diminution très importante du volume des urines, maux d’estomac, douleurs abdominales, hémorragies digestives, reins gonflés et douloureux à la palpation, maux de tête, tension élevée, etc.
Traitée à temps, l’insuffisance rénale aigue est la plupart du temps réversible mais elle reste dangereuse et doit être traitée promptement pour ne pas laisser de séquelles.
L’insuffisance rénale chronique (IRC) se déclare quand les reins se dégradent et ne font plus leur travail de filtre correctement. C’est une maladie grave et malheureusement irréversible. C’est l’IRC qui nécessite un dépistage régulier car, contrairement à l’insuffisance rénale aigue, elle est sans symptômes pendant ses premières phases.
Les traitements de l’IRC : à vie
Les traitements de l’IRC permettent d’en stopper la progression. Mais en cas d’aggravation, les personnes atteintes doivent avoir recours à la dialyse : c’est une opération consistant à filtrer le sang à l’aide de machines dédiées, pour reproduire le travail défaillant du rein. Elle est très contraignante et chronophage car les malades doivent s’astreindre à ce protocole plusieurs fois par semaine voire quotidiennement en fonction de leur état.
Dans les cas extrêmes, quand la vie du malade est en jeu ou bien fortement handicapée, une greffe de reins peut permettre de retrouver une vie normale.
Quelles sont les personnes à risque ?
Certaines pathologies augmentent le risque de développer une insuffisance rénale chronique :
Le diabète 1 et 2 : l’excès de sucre lié au diabète finit par endommager les petits vaisseaux des reins,
L’hypertension artérielle : elle altère également les plus petits vaisseaux sanguins des reins,
Le lupus : maladie auto-immune, le lupus peut atteindre les reins et provoquer une insuffisance rénale, la « néphropathie lupique ».
Mais les médicaments toxiques associés aux chimiothérapies ainsi que certains produits de contraste utilisés en radiologie peuvent également endommager les reins.
Les symptômes de l’insuffisance rénale
Après une longue période asymptomatique, l’insuffisance rénale peut se manifester à travers différents signes :
Fatigue intense,
Perte d’appétit, dégoût pour la viande, mauvais goût dans la bouche,
Nausées, vomissements,
Perte de poids,
Troubles du sommeil,
Démangeaisons qui peuvent être très gênantes,
Crampes et impatiences dans les jambes, surtout la nuit,
Peau qui vire au gris,
Difficultés respiratoires,
Gonflement des mains et des pieds,
Troubles du sommeil,
Infections répétées…
Importance du dépistage
A partir de 40 ans, les reins deviennent de moins en moins efficaces au point qu’à partir de 60 ans, trois personnes sur dix ont un rein 30% moins efficace.
Or, l’IRC est insidieuse et c’est seulement une fois qu’elle est très avancée qu’elle provoque des symptômes reconnaissables tels que décrits ci-dessus. Quand les malades consultent alors, les reins sont parfois tellement dégradés qu’ils sont obligés d’avoir recours en urgence à la dialyse.
D’où l’importance d’un dépistage systématique à travers une analyse des urines et du sang. La plupart du temps, l’insuffisance rénale est détectée à un stade débutant à l’occasion de bilans de routine.
Deux types d’analyses très simples permettent de détecter une IRC même au stade précoce :
L’analyse d’urine : de simples bandelettes trempées dans l’urine permettent de détecter la présence d’albumine, même en quantitié infime. Trouver une protéine comme l’albumine dans les urines signifie un affaiblissement des reins ; c’est un signal qui doit conduire à rechercher une insuffisance rénale à travers une prise de sang.
L’analyse de sang : elle permet de mesurer la concentration de créatinine dans le sang. En cas d’insuffisance rénale, l’élimination par les reins de cette créatinine est ralentie et se retrouve donc dans le sang, confirmant l’insuffisance rénale.
Etant donné la corrélation très forte qui existe entre le diabète, le lupus et l’hypertension artérielle, le bon contrôle des indicateurs de ces trois pathologies contribue à éloigner le risque d’IRC. Les personnes atteintes de ces maladies sont heureusement très suivies par leur médecin traitant et bénéficient donc de tests de dépistages réguliers.
Il est également recommandé à partir de 60 ans de pratiquer des dépistages plus fréquents de l’insuffisance rénale, à l’occasion par exemple des contrôles fréquents du taux de glycémie et de cholestérol.
Une fois la maladie avérée, le néphrologue (spécialiste des reins) intervient pour le suivi du patient. Il peut être amené à le soumettre à différents examens :
Des bilans sanguins fréquents pour évaluer la capacité du rein à filtrer les urines, l’urée et le sodium, en mesurant la « clairance de la créatinine », qui traduit la capacité des reins à filtrer ces déchets,
Des examens radiologiquespour vérifier la morphologie des reins et des voies urinaires,
Des examens de scintigraphie pour contrôler le fonctionnement des reins après injection à faible dose d’un produit radioactif, dont l’imagerie suit le cheminement dans les organes,
Une biopsie du reinpour l’analyser après prélèvement d’un très petit bout de rein sous anesthésie locale.
Le dépistage précoce des maladies rénales permet de maintenir le suivi des malades par la médecine générale et ainsi d’éviter ou de retarder le stade terminal de l’insuffisance rénale qui oblige le malade à des traitements très lourds et pénalisant à vie.