Ce rapport démontrait que ces structures médicales de proximité répondaient aux grands enjeux du système de santé en représentant notamment une solution face aux inégalités sociales et géographiques en matière de soins.
Mais qu’est-ce qu’un centre de santé ? Comment fonctionne t-il et quels sont ses bénéfices concrets pour les patients et le système de santé ?
Qu’est-ce qu’un centre de santé ?
En 2017, il y a en France et selon la Direction Générale de l’Offre de Soins environ 1750 centres de santé, dont la variété des activités forme un monde éclaté : 500 d’entre eux sont uniquement médicaux ou bien polyvalents, c’est-à-dire qu’ils disposent d’équipes à la fois médicales et paramédicales ; les autres sont dédiés aux soins infirmiers ou dentaires. Les centres de santé sont des structures de soins originales, distinctes des hôpitaux, des cabinets médicaux et des maisons de santé.
S’ils n’ont plus le caractère désuet des dispensaires d’autrefois, ils en conservent en revanche la même vocation fondatrice: proposer des soins primaires voire parfois secondaires, tout en endossant une mission de santé publique à travers la promotion de la santé, des démarches de prévention, d’éducation thérapeutique et des actions sociales. S’ajoutent à ces missions un devoir de formation des jeunes professionnels de santé et la possibilité de mener des recherches.
Ces missions de santé publique ne sont pas un vain mot. Chaque centre de santé doit en effet définir et publier son propre projet de santé. Ce projet doit décrire entre autres les orientations choisies en matière de prise en charge des patients, d’accessibilité sociale, de coordination des soins et de développement des actions de santé publique.
Les soins qu’ils dispensent sont des soins de premier recours sans hébergement, c’est-à-dire tous les soins courants relevant de la médecine générale ou spécialisée, dont la chirurgie en ambulatoire, les prothèses dentaires ou bien des disciplines paramédicales : kinésithérapie, soins infirmiers, orthoptie, etc. Ils sont également équipés pour proposer les examens de type radiographie, échographie, analyses médicales.
Les professionnels de santé qui exercent conjointement dans ces centres ont la particularité d’être toujours salariés, ce qui permet d’éviter toute relation d’argent avec les patients. Un travail d’équipe associe à la fois le gestionnaire et les personnels soignant, social et administratif dans l’accueil, la gestion et le suivi des patients, l’organisation du travail et l’administration générale, comme dans toute entreprise.
Cependant, à la différence des entreprises habituelles, les centres de santé sont gérés par des organismes à but non lucratif, des collectivités territoriales ou des établissements de santé publics. Et ils sont régulièrement contrôlés car leur activité est soumise à des conditions particulières de fonctionnement.
Quels sont les avantages des centres de santé?
Si ces centres de santé sont encouragés par les politiques de santé, c’est notamment parce qu’ils apportent une réponse concrète aux problèmes d’accès aux soins que connaissent la plupart des Français. Mais pas seulement. Les avantages des centres de santé sont en effet multiples, tant pour les patients que pour les professionnels et les acteurs de la santé.
Des avantages économiques pour tous
Ce qui fait l’atout le plus visible des centres de santé, ce sont les conditions tarifaires proposées dont la forte dimension sociale trouve son origine dans la mission sociale dont étaient investis les médecins pionniers à l’origine de ces centres : Albert Calmette, Emile Roux, Jacques Parisot, Robert Debré et bien d’autres personnalités « mythiques » attentives aux exclus.Ces structures de soins de proximité ont ainsi deux obligations, liées au coût de la santé et déterminantes dans la réduction des inégalités dans l’accès aux soins.Première obligation : pratiquer la tarification en secteur 1 pour tous les actes médicaux proposés. Ces coûts réduits des consultations et des soins créent un cercle vertueux : ils induisent non seulement une économie pour le patient lui-même mais également pour les complémentaires santé qui n’ont pas à rembourser les dépassements d’honoraires. En retour, les opérateurs de la protection sociale sont en meilleure posture pour réduire le montant de leurs cotisations, ce qui profite aux assurés.Les centres de santé doivent respecter une deuxième obligation : proposer le tiers payant à leurs clients, les dispensant ainsi de toute avance de frais sur la part obligatoire.La troisième obligation des centres de santé est de recevoir tous les patients (avec couverture sociale, AME, CMU-C).
Un suivi du patient optimisé
Grâce à la présence conjointe d’équipes pluridisciplinaires, médicales et paramédicales, les patients bénéficient d’une prise en charge collective de leur dossier. Aucune information ne se perd grâce au partage du dossier entre tous les praticiens concernés par la pathologie du patient. Des contrats de coopération avec les structures hospitalières locales permettent également d’assurer la continuité des soins des patients et la fluidité de leur parcours de soin. Cette approche est notamment cruciale dans le cadre de maladies chroniques nécessitant un suivi multidisciplinaire en ambulatoire et parfois des interventions chirurgicales à l’hôpital : diabète, maladies cardio-vasculaires, cancers, obésité, etc.
Des soins et des praticiens de qualité
Les centres de santé sont aujourd’hui pour la plupart équipés des meilleurs matériels médicaux et animés par des professionnels de santé très qualifiés. Et pour cause : les attraits des centres de santé sont suffisamment nombreux pour séduire les meilleurs d’entre eux.
Ils offrent en effet des conditions d’exercice appréciables. Le salariat en particulier répond à une attente de plus en plus prononcée des jeunes générations de professionnels de santé soucieux de préserver leur vie privée en travaillant dans une structure aux horaires souples, qui les dispense de tâches administratives pesantes et inhérentes à l’exercice libéral.
L’interdisciplinarité est également un stimulant déterminant dans le plaisir d’exercer : elle permet de confronter son avis à d’autres spécialités, loin du sentiment d’isolement personnel et/ou professionnel que vivent les praticiens en cabinet libéral privé. Les centres de santé offrent par ailleurs à ses praticiens l’accès à des programmes de formation pour maintenir la qualité de leurs soins et être au fait des dernières technologies.
La maîtrise des dépenses de soins.
Grâce aux mécanismes renforcés de coordination entre les professionnels des centres de santé et des hôpitaux partenaires, le parcours du patient est partagé et organisé dans sa continuité : ainsi, pas de prescriptions multiples ni de multiplication des actes, préalable indispensable à une démarche de maîtrise des dépenses de soins.Il en découle une véritable efficience des soins reconnue dans le rapport de l’IGAS, en réponse directe aux exigences de toute politique de santé, en particulier celle que souhaite mettre en place le gouvernement actuel.